"Alexandre Jacob : cambrioleur anarchiste"

 

Ce projet est mené en collaboration avec le CIRA - Marseille, pour le 50ème anniversaire de la mort d'Alexandre Jacob (1879-1954).

 

 

QUOI ?

Ce spectacle, évocation joyeuse et ludique de la vie de Marius Jacob, est une introduction à la pensée anarchiste, à la révolte individuelle et au vol comme principe révolutionnaire.

 

 

COMMENT ? 

Spectacle  construit comme un dialogue entre Alexandre Marius Jacob, interprété par Jean-Hugues LIME et des voix off 

  •  juges, policiers, gardiens de bagne, témoins…

  •  sa mère qui plus tard lui écrit…

Accompagné par des scènes de monologue exposant certaines situations politiques et sociales de l’époque, ainsi que les prises de position de Jacob. Chaque étape de sa vie et les lieux symboles sont identifiés par un élément de décor ou une ambiance particulière (évocations sonores et visuelles).

 

QUAND ? A Programmer

 

OU ? A Marseille - Théâtre Axel Toursky : "Nuit de l'Anarchie"

 

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CONTACT : Enfin Production - Compagnie des Spectacles Comiques

enfin.lime@wanadoo.fr

06 70 29 78 36

"Tout jeune, le virus de la justice m'a été inoculé et cela m'a valu bien des désagréments". 

Marius Jacob

 

 

DEROULEMENT DU SPECTACLE

 

Arrestation sensationnelle de Jacob (Mars 1903 – Abbeville)

Coup de feu, poursuite, bagarre, suspens, fuite

Découverte par la presse des Travailleurs de la Nuit :   

Les anarchistes sont montrés comme étant les terroristes de l’époque. Ils font peur aux bourgeois. Les lois scélérates de 1893-94 interdisent l’apologie de la violence, condamnent toute prise de parole autour de l’anarchie… 

 

 

Procès : un grand moment de propagande anarchiste (Mars 1905, Amiens)

L’instruction dura deux ans. L’acte d’accusation épais de 161 pages, le dossier contenait plus de 20 000 pièces, 156 vols et cambriolages avait été répertoriés. Le juge avait inculpé 23 suspects sont dans le box des accusés.

 

 

La verve et l’intelligence de Jacob apporte à cette scène une intensité particulière et apporte une explication politique à ses choix de vie : ses déclarations sont fracassantes et amusantes, il raille avec intelligence les institutions et ridiculise tous les pouvoirs.

 

 

Personnages en voix off  ou joués par le comédien :

  • Président

  • Greffier

  • Maître Justal (avocat de Jacob)

  • Journaliste

  • Témoins : Lemaire – Hulot – Curé – Dame de la Haute - Pélissard

 

Lecture d’articles de presse

La cour procède à l’interrogatoire de Jacob, après un long échange entre Jacob et le Président, divers personnages se succèdent témoignant tantôt en défaveur, tantôt en faveur de Jacob. La scène se termine par la plaidoirie de l’avocat de Jacob.  

Plaidoirie de Maître Justal, l’avocat de Jacob : J’ai à faire tomber la légende… Jacob est un cœur violent et tendre, une nature et compatissante et farouche à la fois… 

JACOB et Bour sont condamnés aux travaux forcés à perpétuité.

Voyage à Cayenne, le bateau : long retour en arrière ou Jacob revoit sa vie

Évocation de son enfance à Marseille – ses voyages et la découverte du monde… 

Ces scènes montrent le passage à la révolte, en particulier au cours de sa maladie où il dévore les auteurs révolutionnaires et libertaires. 

Un passage de « Quatre-vingt treize » de Victor Hugo, l’impressionne : « D'abord, supprimez le parasitisme, le parasitisme du prêtre, le parasitisme du juge, le parasitisme du soldat. »  
Son programme est tout trouvé. Il va faire la guerre à ses trois grandes institutions, en ajoutant le parasitisme du notaire, le parasitisme du banquier, le parasitisme de l’industriel. 

Adolescent, il cherche à s’insérer dans la société, essaie de devenir ouvrier typographe. A 18 ans, sa première condamnation pour fabrication d’explosif tombe : 6 mois de prison. Il simule la folie, se fait transférer dans un asile et s’évade…

 

Le Mont de Piété : son premier grand coup ( mars 1899)

Dialogue entre Jacob, faux commissaire de police, et un commissionnaire du mont de piété (lieu du cambriolage), qui l’entourloupe jusqu’à l’entraîner devant le procureur de la République : le cambrioleur livre directement à la police sa victime

La nature artiste de Jacob se révèle : il invente l’art du cambriolage qui inspire Maurice Leblanc pour son personnage Arsène Lupin. Il met en pratique la reprise individuelle. 

 

L’installation au bagne : 20 ans à Cayenne

Évocation du bagne à travers la correspondance de Jacob avec sa mère

Cette scène retrace la vie de Jacob au bagne de Cayenne : sa lutte pour survivre, son insoumission contre l’administration, comment il est devenu un expert en droit, pour s’en sortir et surtout pour venir en aide à ses co-détenus. Et par quel miracle, il a échappé à la mort. 

 

Sa libération « anticipée » le 30 décembre 1928

A 75 ans, à la fin d’une vie très courageuse, il décide d’en finir. Il tue son chien préféré et s’injecte lui-même une dose mortelle de morphine.

Une fois de plus, plutôt que de parler et faire de beaux discours, Jacob agit et démontre. Son suicide « libertaire » est comme son testament politique. La mort d’un homme digne et qui résume toute sa vie, car il n’a donné à rien ni à personne la possibilité de lui prendre cette vie. Il a su rester libre et responsable de ses choix et de ses actes jusqu’à l’ultime seconde de son existence

 

Épilogue : Pourquoi se révolter ?

 

Bibliographie : Marius JACOB, 1995. écrits. Ed. L'insomniaque. Vol. I et II.

Sergent Alain. 1950. Un anarchiste de la Belle époque Alexandre Jacob. Ed. du Seuil: 206 p.

Bernard Thomas. 1970.  Jacob. Alexandre Marius dit Escande, dit Attila, dit Geoges, dit Bonnet, dit Féran, dit Trompe la mort, dit Le voleur. Ed. Tchou: 370 p.

 

Pourquoi j’ai cambriolé

extrait de Alexandre Jacob, Pourquoi j’ai cambriolé, publié dans Germinal le 19 mars 1905

Messieurs [les juges],

Vous appelez un homme « voleur » et « bandit », vous appliquez contre lui les rigueurs de la loi sans vous demander s’il pouvait être autre chose. A-t-on jamais vu un rentier se faire cambrioleur ? J’avoue ne pas en connaître. Mais moi qui ne suis ni rentier ni propriétaire, qui ne suis qu’un homme ne possédant que ses bras et son cerveau pour assurer sa conservation, il m’a fallu tenir une autre conduite. La société ne m’accordait que trois moyens d’existence : le travail, la mendicité, le vol. Le travail, loin de me répugner, me plaît, l’homme ne peut même pas se passer de travailler ; ses muscles, son cerveau possèdent une somme d’énergie à dépenser. Ce qui m’a répugné, c’est de suer sang et eau pour l’aumône d’un salaire, c’est de créer des richesses dont j’aurais été frustré. En un mot, il m’a répugné de me livrer à la prostitution du travail. La mendicité c’est l’avilissement, la négation de toute dignité. Tout homme a droit au banquet de la vie.

Le droit de vivre ne se mendie pas, il se prend.

Le vol c’est la restitution, la reprise de possession. Plutôt que d’être cloîtré dans une usine, comme dans un bagne, plutôt que mendier ce à quoi j’avais droit, j’ai préféré m’insurger et combattre pied à pied mes ennemis en faisant la guerre aux riches, en attaquant leurs biens. Certes, je conçois que vous auriez préféré que je me soumisse à vos lois ; qu’ouvrier docile et avachi j’eusse créé des richesses en échange d’un salaire dérisoire et, lorsque le corps usé et le cerveau abêti, je m’en fusse crever au coin d’une rue. Alors vous ne m’appelleriez pas « bandit cynique », mais « honnête ouvrier ». Usant de la flatterie, vous m’auriez même accordé la médaille du travail. Les prêtres promettent un paradis à leurs dupes ; vous, vous êtes moins abstraits, vous leur offrez un chiffon de papier.

Je vous remercie beaucoup de tant de bonté, de tant de gratitude, messieurs. Je préfère être un cynique conscient de mes droits qu’un automate, qu’une cariatide.

Dès que j’eus possession de ma conscience, je me livrai au vol sans aucun scrupule. Je ne coupe pas dans votre prétendue morale, qui prône le respect de la propriété comme une vertu, alors qu’en réalité il n’y a de pires voleurs que les propriétaires.

Estimez-vous heureux, messieurs, que ce préjugé ait pris racine dans le peuple, car c’est là votre meilleur gendarme. Connaissant l’impuissance de la loi, de la force pour mieux dire, vous en avez fait le plus solide de vos protecteurs. Mais prenez-y garde : tout n’a qu’un temps. Tout ce qui est construit, édifié par la ruse et la force, la ruse et la force peuvent le démolir.